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J. Phys. Radium 18, 81-84 (1957)
J. Phys. Radium 10, 189-194 (1949)
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J. Phys. Radium
Volume 17, Numéro 4, avril 1956
J. Phys. Radium 17, 350-358 (1956) DOI: 10.1051/jphysrad:35000Sur les correspondances entre bivecteurs et spineurs simples et la description corpusculaire des ondes &lectromagn&tiquesG. Bodiou Facult& des Sciences de Marseille R&sum& Des conditions de r&alit& et de r&ciprocit& permettent de d&finir une correspondance invariante entre un bivecteur isotrope r&el et un couple de spineurs simples particuliers. Une telle correspondance pourrait traduire une &quivalence objective entre un photon-onde plane et un couple de corpuscules de Dirac de masse nulle, de densit&s de vecteur-courant &gales, de densit&s de moments &lectromagn&tiques oppos&s, de densit& de spin nulle, dont chacun est confondu avec une & lacune associ&e &. PACS 10 - THE PHYSICS OF ELEMENTARY PARTICLES AND FIELDS.
Key wordselectromagnetic waves -- field theory -- elementary particle interactionsPlan Interactif des transports en Ile-de-France
Le service Plan interactif requiert l'activation de JavaScript.Services on DemandArticleIndicatorsCited by SciELO Related linksSharePrint version ISSN XAlea vol.9 no.2 Rio de Janeiro July/Dec. 2007 http://dx.doi.org/10.-106X2
Les chiens s?approchent,
et s?&loignent
Jean-Marie Gleize
L?essai propose une relecture de la tension entre
po&sie en vers et en prose chez Baudelaire & partir de l?opposition
entre "chats" et "chiens", personnages r&currents
dans l??uvre du po&te. Avec/ contre Baudelaire, l?auteur y propose l?affirmation
de la prose – de la "prose en prose(s)" – et la renonciation, dans
la po&sie contemporaine, & toute manifestation du "sublime
Mots-cl&s: B po&sie
fran& po& po&sie contemporaine.
O ensaio prop&e uma releitura da tens&o
entre poesia em versos e em prosa em Baudelaire a partir da oposi&&o
entre "gatos" e "c&es", personagens recorrentes na
obra do poeta. Com/ contra Baudelaire, o autor prop&e a afirma&&o
da prosa – da "prosa em prosa(s)" – e a ren&ncia, na poesia
contempor&nea, a toda manifesta&&o do "sublime moderno".
Palavras-chave: B poesia contempor&nea.
The paper proposes a rereading of the tension
between poetry and prose in Baudelaire, taking as its starting point the opposition
between "cats" and "dogs", recurring characters in the poet?s
work. With/ against Baudelaire, the author argues for an affirmation of prose
 – "prose in prose(s)" – and the rejection, in contemporary poetry,
of any instances of the "modern sublime".
Key words: B contemporary poetry.
En 1951, Giacometti, t&te basse, habit&
par un sentiment d?&chec, une forte sensation d?impuissance &
atteindre la r&alit&, & la conna&tre, & la
comprendre, & la prendre (Rimbaud disait & l?"embrasser"
ou & l?"&treindre"), Giacometti marche dans la ville,
dans Paris, sous la pluie (tout le monde se rappelle l?impressionnante photo
de Cartier Bresson). Il dit ensuite: "Je me suis senti comme un chien.
Alors j?ai fait cette sculpture". Et c?est l?&crivain Charles Juliet,
dans son petit livre sur Giacometti publi& chez Flammarion en 1985 qui
d&crit, assez pr&cis&ment, ce chien (cette sculpture):
"Un chien &tique – flancs creux, peau du ventre plaqu&e contre
les vert&bres, hautes pattes gr&les vid&es de toute vigueur
mais qui ont encore la force d?avancer, long cou d&mesur&, long
museau plongeant, t&te sans volume aux oreilles tombantes. Mais ce museau
presque & ras de terre, en qu&te d?une trace, de m&me que
la longue queue maigre, qui n?est pas pendante, et les pattes, en position de
marche, montrent & l?&vidence que ce chien fam&lique n?a
pas renonc&. Ext&nu&, pattes flageolantes, il se tra&ne
encore, cherchant quelqu?un ou un peu de nourriture". Et Juliet conclut:
"Etonnant, prodigieux, tragique autoportrait". Ce chien-l&,
celui de Giacometti, ressemble assez & ceux que Baudelaire appelle les
"bons chiens" & la fin des Petits Po&mes en Prose,
et il est bien &vident que le chien n?est pas moins que le chat, animal
po&tique et m&taphysique, pour ne pas dire mystique par excellence,
l?animal auquel il peut s?identifier, identifier l?homme et le po&te
qu?il est, lui qui &crit par exemple & sa m&re (fin 1855)
dans un contexte &pistolaire o& par ailleurs il se plaint de vivre
"dans le pl&tre", et de dormir "dans les puces", d?&tre
"ballot& d?h&tel en h&tel", soumis aux migraines
et aux fi&vres, manquant de tout?: "J?ai v&cu comme une b&te
f&roce, comme un chien mouill&". Ce "comme un chien",
cette fraternit& animale sous la pluie battante, est commune aux deux
artistes, Giacometti, Baudelaire, tous deux soumis & la pauvret&
v&ritable (Baudelaire dit "& la n&cessit&")
et surtout, au sein de cette n&cessit&, au sentiment du caract&re
"impossible" de leur t&che, de celle & laquelle ils se
sont id&alement attach&s, & laquelle ils se sont assign&s.
Je crois pouvoir dire que cet autoportrait de
l?artiste en jeune chien, ou plut&t en "pauvre chien", "ext&nu&"
mais allant, cherchant, avan&ant & la rencontre de la rencontre,
a &t& pour moi de ces "conducteurs" (je ne trouve pas
d?autre mot), vers la d&cision de me d&clarer r&solument
(na&vet& brutale du propos...) en faveur de la PROSE, comme si ce
chien, ces chiens, cette divagation cynique, &puisante et r&solue
(Francis Ponge disait volontiers "acharn&e"), d&signait
de mani&re convaincante la n&cessit& du passage de la po&sie,
de la fabrication harmonieuse, de la d&lectation & la "suffisante
clart& de l?harmonie" (c?est ainsi que parle Baudelaire dans sa
Chambre double) & la prose, au parti pris des proses, le caract&re
in&luctable du sc&nario de perte d?aur&ole, l?abandon du
"r&ve de volupt&", et la soumission au "coup de
pioche dans l?estomac" et & ce qu?il r&v&le, met &
nu, de la "r&alit&": l?"horreur" et la "d&solation"
(je reprends exactement ses mots), de l?"implacable vie". Rimbaud
appellera &a "&tre rendu au sol".
Il n?est peut-&tre pas inutile de rappeler
que j?appartiens & une g&n&ration qui s?est d?abord forg&
une id&e de la po&sie (de la "sorcellerie verbale &vocatoire")
et du discours l&gitime et pertinent sur la po&sie, le langage
po&tique, la formalit& po&tique, la "fonction po&tique"
du langage, & partir de la lecture de l?article de Claude L&vi-Strauss
et de Roman Jakobson sur Les Chats et de la litt&rature th&orique
et pol&mique qui en a d&coul&. Il para&t que depuis
(c?est un article de Ross Chambers, &crit en 1984, qui me l?apprend),
la critique baudelairienne aurait s&rieusement op&r& un
transfert d?attention des Chats au Cygne (celui des Tableaux
Parisiens). Pour ma part, sautant par-dessus l?Albatros (bien trop
"vaste" et caricatural), par-dessus les Hiboux (bien trop m&ditatifs
et immobiles, tr&s proches des Chats auxquels d?ailleurs ils succ&dent
imm&diatement dans l?ordonnance de la premi&re s&quence
du recueil), sautant aussi par-dessus le Cygne, bien trop blanc et "malheureux",
bien trop "ridicule et sublime", j?ai transf&r& ma curiosit&
et ma capacit& d?adh&sion des chats aux chiens, cette translation
supposant le transfert d?attention et d?implication du recueil de vers (&
dominante harmonique et contemplative, envers et contre toutes les puissances
n&gatives et entropiques, malgr& tous les signes de l?&rosion
et de la maladie attaquant la ligne m&lodique et minant toutes les postures
ascensionnelles) au recueil des proses (domin&es, elles, par la dissonance
et la d&ambulation), des Fleurs du mal au Spleen de Paris.
C?est sensiblement la m&me d&marche qui, dans un premier temps,
m?avait rapproch& de Tristan Corbi&re, pour sa d&figuration
agressive et transgressive de la musicalit& m&trique-prosodique
et pour ce qu?il avait &lu figure d?identification d&cisive le
Crapaud, d&sign& dans le sonnet invers& que lui
consacre Corbi&re, un "rossignol de la boue". Crapaud contre
rossignol, chien contre chat, ce seront pour moi des fa&ons simples de
me repr&senter un trajet, un parcours, un mouvement sp&cifique,
celui du renoncement d?une certaine po&sie au chant, aux "charmes",
aux b&n&fices et aux jouissances de l?euphonie, euphorique ou
dysphorique, aux plaisirs particuliers de la modernit& spleen&tique,
aux effets de "fascination" et de "plaisir" d?un vers qui,
malgr& le "hurlement" assourdissant de la rue, malgr&
le "chaos" de la ville, ne cesse de chanter et d?enchanter, de "soulever"
et de "balancer" (comme le fait la Passante des plis de sa
robe), et de transfigurer mal et douleur et angoisse et malheur incurables.
J?en reviens un instant aux chats, ceux qui
peuplent les Fleurs du Mal. Il y a d?abord, qu?il s?agisse du chat 34,
si j?ose l?appeler ainsi, ou du chat 51 (il s?agit de la place des po&mes
dans le recueil), que le chat se pr&sente d&s la premi&re
strophe de ces deux po&mes affubl& du m&me qualificatif:
Viens, mon beau chat, sur mon c?ur...
Dans ma cervelle se prom&ne
Ainsi qu?en son appartement
Un beau chat..." (51)
Ext&rieur ou int&rieur, sur le
c?ur ou dans la cervelle, impliqu& dans l?affaire affective-&rotique
ou dans l?affaire po&tique-spirituelle, le chat est figure tout d?abord
de la beaut&, beaut& objet de d&sir, beaut& dont
le regard "ouvre la porte d?un infini", d&sir&
beaut& donc dangereuse ou gratifiante, blessante ou apaisante, m&tallique-min&rale
(aux yeux "m&l&s" "de m&tal et d?agate")
ou voluptueuse, "&lastique".
Le corps du chat 51 n?est qu?un support, il se
r&duit assez vite & sa voix, puis & son parfum,
vecteurs d?"extases", emplissant, touchant, comblant, agissant tout
comme fait le vers, la po&sie "nombreuse", une langue inconnue
compt&e-rim&e, pure musique en de&& des mots, proprement
"magique" ou encore "ang&lique". De m&me que
"les chinois voient l?heure dans l??il des chats" (L?Horloge,
dans les Petits Po&mes en Prose), de m&me le po&te
voit la beaut& en s?ab&mant dans les "beaux yeux" du
"beau chat" (34) ou, retournant son regard en lui-m&me, dans
la contemplation int&rieure de l?&trange regard du "chat
&trange" (51) qui lui aussi le contemple et le fixe.
Beaut&, &tranget&, &nigme,
immobilit&, silence, voyance, acc&s & l?inconnu, le chat,
le "beau chat" des Fleurs du Mal embl&matise au mieux
les pouvoirs et les vertus de la Po&sie et du Po&me, les pouvoirs
de la voix silencieuse, de la voix de l?&crit en po&me, de l?&crit
"nombreux" comme dit Baudelaire.
Mais il est un chat, dans les Fleurs,
dont le corps n?appartient pas ou n?appartient plus & l?ordre des sphinx,
c?est celui du premier Spleen (75), qui s?inscrit & l?avance dans
le tableau parisien, dans le paysage des po&mes en prose, de la prose
urbaine spleen&tique: froid, brume, cimeti&re, faubourg. Le corps
de ce chat-l& (qui n?est plus un "beau" chat mais d&j&,
comme les chiens des proses, un "bon" ou un "pauvre" chat),
ce corps est dit "maigre et galeux", il s?agite "sur le carreau
cherchant une liti&re". C?est un errant, un affam&. Il ressemble
(le second quatrain du sonnet produit cette proximit& et cette superposition)
& un "vieux po&te":
L?&me d?un vieux po&te erre dans
la goutti&re
Avec la triste voix d?un fant&me frileux.
Tout & fait celui qui sera &voqu&
& la fin de la prose consacr&e au Vieux Saltimbanque, le
"vieux po&te", "sans ami, sans famille", d&grad&
par sa mis&re, etc. Il y a donc des po&tes de goutti&re
comme il y a des rubriques consacr&es aux "chiens &cras&s"
dans les journaux, ou, comme on disait au XIXe si&cle, aux "chiens
perdus". Et peut-&tre y a-t-il l&, dans cette copr&sence
du beau chat et du bon chat dans le m&me recueil, une figure de tension,
d&signant la n&cessit& du dispositif. De m&me que
Francis Ponge nous demandait de consid&rer le dispositif Maldoror-Po&sies
(Chants de Maldoror/ Po&sies), nous devons consid&rer
le dispositif Fleurs du Mal- Petits Po&mes en Prose. Baudelaire
lui-m&me parle de "pendant": les deux livres se r&pondent
et se compl&tent. Confrontant, dans une pr&face, les po&mes
en prose de Baudelaire aux Illuminations de Rimbaud, Jean-Luc Steinmetz
souligne la rigueur du parti-pris prosa&que, prosa&sant, chez Baudelaire.
L& o& Rimbaud visionne et onirise ou d&mesure, Baudelaire
se livre & une "autopsie". "Rares sont les voies de fuite
qu?il propose". "Point d?annonce. Le rabaissement que convoque le
prosa&sme, la curiosit& desquamante, l?absence d?espoir". En
somme, du c&t& de Baudelaire, ce que Flaubert d&signe (dans
sa Correspondance) comme une "prose tr&s prose", ce
que je cherche & d&signer, comme contre-mod&le au "po&me
en prose" stricto sensu ou & la prose en po&me, sous
la cat&gorie de "prose en prose(s)", le refus de toute forme
de sublimation stylistique, de toute re-po&tisation id&alisante.
En ce sens, les Petits Po&mes en Prose font bien pendant alternatif
aux Fleurs du Mal et sans doute, malgr& une tradition moderniste
insistante et puissante, &videmment entretenue par l?id&ologie
surr&aliste et ses s&quelles, fournissant un mod&le d?&criture
beaucoup plus proche de ce que nous attendons aujourd?hui d?une &criture
critique et objective, "objectivante", apr&s la "po&sie".
M&me si Baudelaire, bien s&r, ne pouvait penser en ces termes (ceux
d?un d&passement de la po&sie, de la possibilit& d?une
post-po&sie), il est bien de ces &crivains qui nous invitent &
chercher les formes d?une "prose particuli&re", "musicale
sans rythme et sans rime", autrement dit relevant d?une paradoxale musique,
d?une autre musique, essentiellement li&e aux nouvelles formes de sensibilit&
et de conscience engendr&e par les conditions concr&tes de la
vie mat&rielle dans les nouvelles agglom&rations urbaines.
C?est &videmment de cela que parle le
po&me conclusif du recueil posthume, Les Bons Chiens. Eux
qui sont les grands absents du bestiaire all&gorique ou r&aliste
des Fleurs du mal, prennent le relais du chat "maigre et
galeux" du premier Spleen et se pr&sentent sous la banni&re
de la rupture avec la muse lyrique:
"Arri&re, Muse acad&mique!
Je n?ai que faire de cette vieille b&gueule. J?invoque la Muse famili&re,
la citadine, la vivante, pour qu?elle m?aide & chanter les bons chiens,
les pauvres chiens, les chiens crott&s, ceux-l& que chacun &carte
comme pestif&r&s et pouilleux, except& les pauvres, dont
ils sont les associ&s, et le po&te, qui les regarde d?un ?il fraternel".
D&claration fondamentale, sur l?alliance fraternelle des pauvres, les
"sans domicile fixe", des chiens errants et des po&tes. Ils
rejoignent la troupe des chats de goutti&re. "Je chante, les chiens
calamiteux, ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses
villes". Je sais bien, d?un savoir d?histoire litt&raire, que la
place de ce po&me, dans le recueil posthume, n?est en principe en r le recueil est th&oriquement incomplet, donc il ne poss&de
pas de "dernier texte", et de structure pr&vue explicitement
kal&idoscopique, non lin&aire, non logiquement ou narrativement
articul&e; il n?en reste pas moins que c?est ainsi qu?il nous a &t&
transmis, que nous le pratiquons et, pour ce qui me concerne, je ne trouve pas
indiff&rent qu?il chemine des "merveilleux nuages" et de la
postulation d?une beaut& "immortelle" (trait d?union avec les
Fleurs du Mal, pour un po&te qui tire vers le haut, le ciel l?azur,
par del&, etc.), & ce "rendu au sol", aux sinueuses
ravines de la circulation urbaine, & une question ("o& vont
les chiens?") recopi&e dans le feuilleton d?un journal, soit, si
l?on veut, au lieu de la prose la plus plate, la plus triviale. Il se trouve
que cette question "o& vont les chiens?", j?ai voulu la reprendre
comme titre d?un article (reproduit ici-m&me) donn& & la
revue Litt&rature en 1998 pour un num&ro intitul&
"De la po&sie aujourd?hui, chantiers, sentiers". Evoquant d?embl&e
les ravines, je commen&ais en reformulant la question: "Vers l?extr&me
fin du XXe si&cle, entre des murs toujours plus hauts, falaises &
pic et nous au fond. S?agit-il de r&-enchanter le monde?" Il me
sembla que je r&pondais non. Les chiens "cherchent leur vie"
dit Baudelaire. Ils couchent dans les ruines de banlieue. Ils ne vont nulle
part, ils vont. La po&sie, au sens o& l?entendent encore ceux
qui vont quelque part, ou croient savoir o& ils vont et o& il
faut aller, et selon quelle allure, n?a plus cours, n?a plus lieu d?&tre,
ne permet plus de comprendre ou d?acc&der & quoi que ce soit.
C?est une des raisons qui la rendent "inadmissible" (mot de Denis
Roche servant aussi de titre – La po&sie est inadmissible – &
l?ensemble de son ?uvre po&tique d&finitivement interrompue en
1972). D?o& l?urgente n&cessit& de renoncer & la
psalmodie, aux sortil&ges de la di&r&se, & la chaleur
du bercement isosyllabique, ou de la chambre strophique, de la chambre d?&cho
strophique, ou de l?univers satur& des correspondances. Et d?inventer
les formes nouvelles de la prose, de proses r&ellement critiques et r&alistes,
r&elistes, documentaires, a-lyriques voire d&lib&r&ment,
comme le sugg&re Jean-Luc Steimetz & propos du Spleen de Paris,
d&lib&r&ment "anti-lyriques". Baudelaire, d?une
certaine fa&on, contre Baudelaire.
C?est bien dans cet esprit que l?ann&e
suivant la reprise de la question "O& vont les chiens?", ou
les po&tes, chiens de ravines et chats de goutti&res, en 1999
j?ai donn& pour titre & ce que je crois &tre une tentative
de "prose en prose" apr&s la po&sie, le second h&mistiche
de ce vers de Victor Hugo, dans "R&ponse & un acte d?accusation"
(le c&l&bre po&me m&tapo&tique des Contemplations):
"J?ai jet& le vers noble aux chiens noirs de la prose". Les
chiens noirs de la prose, donc. Il s?agissait, bien s&r, pour Victor
Hugo, de reformuler, en la mettant & distance, l?accusation d?avoir abim&
la po&sie, de l?avoir donn&e aux chiens d&vorants et sauvages
de la prose. En fait l?accusation &tait en partie justifi&e. Victor
Hugo qui n?a certes jamais abandonn& le vers, qui &tait m&me
le vers en personne, a, de fait, contribu& & la prosa&sation
de l?alexandrin, & sa dislocation d&cisive, & sa disparition
dans la gueule du chien. Les chiens noirs de la prose sont pour moi les cousins
des bons et pauvres chiens de Baudelaire, ou du chien fam&lique de Giacometti.
Ils t&moignent d?une sortie formelle hors du moule et du man&ge.
De l?effort de la po&sie contre elle-m&me.
Curieusement, tout en citant Baudelaire de fa&on
fautive, Claudel d&finit sans doute assez bien ce qui distingue la "po&sie"
d?apr&s (celle d?apr&s la po&sie, qu?on peut aussi cesser
d?appeler la po&sie si l?on veut) de la po&sie d?avant, celle
des fleurs, fussent-elles du mal:
"Le but de la po&sie, &crit
Claudel dans son Introduction & un po&me sur Dante,
n?est pas, comme dit Baudelaire, de plonger au fond de l?Infini pour trouver
du nouveau (en r&alit& Baudelaire n?&crit pas "au
fond de l?Infini" mais "au fond de l?Inconnu"), mais au fond
du d&fini pour y trouver de l?in&puisable". L&
est le point, et sans doute le projet de la prose, d?une certaine prose litt&rale
d?investigation ou d?&lucidation r&&liste, d?une certaine
prose documentale et dispositale: le d&fini, l?in&puisable.
Toute la valeur d?usage, pour nous, de Baudelaire,
est l&: dans le sens fort que nous attribuons & ce geste de passage
du chant des fleurs & l?ambulation des proses, & la recherche
d?une langue po&tique post-po&tique, & l?&laboration
d?une prose de r&veil en quelque sorte, dans la premi&re chambre,
la chambre r&elle, la cruaut& de la chambre r&elle ou sa
couleur grise, son noir et blanc frontal. Mais aussi, encore, dans le souci
d?une po&tique du "rebut" et du "d&bris" (je
reprends ses mots), et du montage, de l?assemblage, des fragments ramass&s.
Je relis maintenant ce passage capital dans Du vin et du hashich, o&
Baudelaire d&crit le po&te comme un chiffonnier: "Voici un
homme charg& de ramasser les d&bris d?une journ&e de la
capitale. Tout ce que la grande cit& a rejet&, tout ce qu?elle
a perdu, tout ce qu?elle a d&daign&, tout ce qu?elle a bris&,
il le catalogue, il le collectionne. Il compulse les archives de la d&bauche,
le capharna&m des rebuts". D&marche si l?on veut en partie
"compulsive" (cette fois je d&tourne un peu le sens du verbe
"compulser"), et en partie de pr&cise composition, mais en
tout cas impliquant, du moins je l?imagine ainsi, une progressive disparition
de l?instance auctoriale, de la grande figure historique de l?Exil& ou
du Maudit (l?Albatros), au profit des choses elles-m&mes (les "archives",
le donn& brut objectif, le mat&riau) et de leurs combinaisons
(c?est pourquoi il faut parler d?&criture documentale et dispositale).
Le premier "chiffonnier", ou post-po&te cons&quent que
je connaisse est Francis Ponge Qui a ramass&, parmi d?autres choses insignifiantes,
dans une rue du quartier des Halles & Paris, un cageot. Mais lui ont
succ&d& d?autres de ces compulsifs du dispositif: cadrage et montage
d?un mat&riau ready-made, "prose particuli&re" de ramassage
et de recyclage, entre nouvelle scansion & inventer (hors du vers) et
neutralit&-platitude atonale ("altitude z&ro"). La pratique
de la po&sie comme expos&, prose pos&e, sans pose, exposante.
C?est exactement le Denis Roche des D&p&ts de savoir et de technique,
ou encore le Dominique Fourcade du Sujet monotype, qui d&clare
l?avalement du vers par la prose et l?abandon de l?unit& po&me
pour l?unit& page, l?espace livre, all over, comme dans la peinture am&ricaine,
non pagin& ("c?est du non pagin& que l?on entend," dit-il
quelque part), soit donc une "prose-d&clic", et l?on se souvient
que son premier grand livre s?intitulait Rose d&clic, o&
l?on retrouvait la fleur embl&matique de la po&sie, mais en tenue
d&capante: "J?&tale les choses, je mets la vie & plat,
sans commentaire".
Il s?agit clairement, apr&s le choix
du po&me en prose contre le po&me en vers (ce qui a &t&
explicitement par exemple la premi&re strat&gie de Ponge dans
un premier temps: &crire de petits po&mes en prose objectivistes:
le Parti pris des choses), d?explorer les voies de la prose
en prose apr&s le po&me en prose (ce qui a &t&
le second moment de la trajectoire pongienne avec la publication de ses brouillons,
carnets, dossiers ouverts, & strictement dire post-g&n&riques
ou relevant d?une prose alterg&n&rique. Donc, en ce sens peut-&tre
de se monter ultrabaudelairiens, baudelairiens radicaux. D?effectuer le d&placement
d?un cran suppl&mentaire, et de promouvoir ce d&placement, de
le faciliter, de lui donner lieu, un lieu, c?est ce & quoi
voulait contribuer, par exemple, la cr&ation de la revue Nioques
Ma derni&re remarque concernera le fait,
tr&s pr&visible, que malgr& l?aura consensuelle concernant
la modernit& des Fleurs du Mal, et le r&le attest&
de ce recueil comme seuil de modernit& et matrice directe ou indirecte,
de P-J. Jouve & Bonnefoy ou du Bouchet, il est clair que la jeune g&n&ration
(celle qui &merge vers le milieu et la fin des ann&es 1980, et
se manifeste dans la d&cennie suivante), ne peut gu&re se r&f&rer
& une po&sie dont elle appr&cie le caract&re oxymorique,
tendu, dissonant tout autant que consonnant, paroxystique, formellement achev&,
etc., mais dont elle per&oit que Baudelaire lui-m&me a travaill&
& la d&samorcer, & la d&lyriciser, & la neutraliser,
& la "rabattre" en quelque sorte. En 1998, l?un d?eux, Christophe
Hanna, a publi& aux &ditions Al Dante (dans la Collection Nioques
qui accompagnait la revue dont il vient d?&tre dit qu?elle &tait
faite pour &a) un livre pr&cis&ment intitul& Petits
Po&mes en Prose, et dont la table des mati&res proposait un
parcours en 50 &tapes, de l?Etranger aux Bons chiens. Il
s?agissait donc d?un clonage d?un type un peu particulier qui, en tout cas,
rend un hommage spectaculaire & notre prosateur exp&rimental.
Un autre de ces jeunes &crivains en rupture de po&sie, Nathalie
Quintane, a produit une description assez pr&cise de ce travail et je
la cite un peu longuement parce qu?elle dit tr&s bien ce qu?il en est
de cette prose nouvelle et du dispositif citationnel qui la constitue: "Sous
paravent baudelairien, Hanna redit ce qu?on sait: la po&sie n?est plus
& pousser dans le foss&. Elle y est d&j&, peut-&tre
depuis Baudelaire, certainement depuis Lautr&amont. L?id&e ou
la reformulation po&tique du monde ne sont plus & l?ordre du jour.
Hanna reprend & son compte l?assertion des Po&sies (de
Ducasse): le but, l?enjeu du travail po&tique est "la v&rit&
pratique". A l?&num&ration ducassienne succ&de un
dispositif essentiellement analytique, d&codage du monde par ses discours,
tout cela exhib&, r&it&r&, avalis& par la
mise en page qui tient le milieu entre tablo&ds et vestiges [Michel Deguy
dirait "reliques"] des formalit&s avant-gardistes (po&sie
visuelle engag&e des ann&es 1960, d&tournements situationnistes).
En fils de Ducasse et du Baudelaire des Petits Po&mes en Prose,
Hanna recueille. Il recueillera ce qui nous cr&ve les yeux, &
tous les sens du terme: la production ininterrompue (images et textes, ou "proses")
des soci&t&s de contr&le (celles dans lesquelles nous vivons)
via l?interface m&diatique. D&tour&s et d&coup&s
dans la page, apparaissent des faits divers connus, ou plut&t leurs r&cits
lus dans la presse, ou encore le souvenir qu?en a conserv& l?auteur (le
"r&dacteur") des reportages vus & la t&l&vision
(comme l?ex&cution des Ceaucescu par exemple). Dans tous les cas l?&nonc&
met en avant la sc&narisation de ces faits-divers dont le rapport est
invariablement calqu& sur quelques constantes narratives. Dans ce livre
on trouvera &galement entre autres des petites annonces sexuelles montr&es
en continu pour souligner le caract&re r&p&titif des sc&narios,
l?homog&n&it& du lexique, la monotonie de l?ensemble. Ce
"mat&riel" de base avec lequel le livre se construit ne cesse
de dire le retour du m&me et le bouclage de vies qui semblent identiquement
prosa&ques, banales, automatis&es". Le dispositif tel que d&crit
par Nathalie Quintane rel&ve assez exactement de ce que j?appelais un
baudelairisme radical. Dans le livre d?Hanna, le r&el est l?image du
r&el, la r&alit& est t&l&-r&elle,
nous ne circulons plus "dans les ravines sinueuses des immenses villes"
mais entour&s d?&crans. Le chien lui-m&me s?&loigne,
il dispara&t. Nous devons travailler avec, sur et contre cette m&diatisation
du r&el, sur, avec et contre les formats qu?elle propose et les modes
de communication qu?elle construit. C?est la t&che post-po&tique,
et peut-&tre politique aussi. Beaucoup de ces jeunes po&tes dont
je parle r&introduisent dans leurs pratiques, ou dans la fa&on
dont ils se repr&sentent cette pratique, une composante "politique"
dont ils s?&taient &loign&s par r&action, en pr&chant
des postures d&tach&es, ironiques, contre les formes d?engagement
directes, moralisatrices, dogmatiques de leurs a&n&s avant-gardistes
des ann&es 1960-70. Le motif de la r&sistance revient donc,
sous la forme notamment du traitement critique des langues de l?information
(comme c?est le cas dans les proses de C. Hanna). Dans ces conditions, en effet,
la "po&sie", comme s?en inqui&te Michel Deguy, sort
de son lit. Cette sorte selon moi n?est pas un danger, mais une chance. Que
la po&sie, ou ce qui lui succ&de, ne se r&duise plus &
la production d?objets "po&mes" (boucl&s, achev&s,
munis de leur clausule), que ces nouveaux objets soient impurs et mixtes, et
plus seulement des objets "en langue maternelle vernaculaire", que
ce dont ils traient ne rel&ve plus de l?exp&rience singuli&re
d?un individu mais de nos pratiques collectives, que la po&sie renonce
& montrer l?exemple d?un sublime moderne dans les "dark times"
o& nous vivons, tout cela doit &tre envisag& sans crainte
particuli&re. En fait d?un mot je dirai que je ne crois pas qu?il faille
op&rer (comme certains nous y invitent) un "retour & Baudelaire",
pour notre salut et celui de nos contemporains, mais qu?il faut sans doute,
comme le fait si bien Christophe Hanna, accompagner Baudelaire dans le d&passement
de Baudelaire. Vers des formes d?expression nouvelles qui nous permettent de
r&sister vraiment aux pressions de l?&poque.
Mais je sais qu?en m&me temps, il y aura
toujours des chats. Et je ne leur veux aucun mal, on s?en doute.
Recebido em: 25/05/2007
Aprovado em: 30/06/2007
de literatura francesa da &Ecole Normale Sup&rieure de Lyon, onde
dirige o Centre d?&Etudes Po&tiques. Escritor, fundador e diretor
da revista Nioque da editora Al Dante, publicou v&rios livros
de poesia, entre os quais Etats de la main m&moire (1979), Donnant
lieu (Lettres de casse, 1982), Instances (Collodion, 1985), L&man,
Le principe de nudit& int&grale, Les chiens noirs de la
prose, N&on, actes et l&gendes e Film & venir
(Seuil, "Fiction et Cie", respectivamente ,
2007), Non (Al Dante, cole&&o Niok, 2000), Quelque chose
contraint quelqu?un (Al Dante, 2000). Al&m disso, & autor
de v&rios livros de ensaio, entre os quais Po&sie et Figuration
(Seuil, 1983), Francis Ponge (Seuil, 1988) e A noir. Po&sie
et litt&ralit& (Seuil, 1992).
(BAUDELAIRE, Charles. Les Fleurs
du mal. Oeuvres compl&tes. 2 vol. Texte &tabli, pr&sent&
et annot& par Claude Pichois. Biblioth&que de la Pl&iade.
Paris: Gallimard, 1975: I, 35)
&&&&&&&&[  ]
(Idem: 50-51.)
(Idem: 72.)
(Positions et Propositions. Paris: Gallimard, 1942.)&&&&&&&&[  ]

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